vendredi, juin 16, 2006

Comme un goût de fin


Nous voici déjà le 16 Juin; dans treize jours j'abandonne la rue Polska, notre appartement, j'aurai fait mes valises, laissées une ou deux chez Olga, et je partirai pour Paris. Pour mieux revenir, 10 jours plus tard, certes. Quelques jours de sursis, en juillet, et puis il faudra penser à la suite.

D'ores et déjà, je dois essayer de penser à comment compresser une année académique de voyages, d'allers-retours en Eurolines, de cours en université, d'expériences diverses et variées, de conférences, d'associatif... en 10 pages.

Mais comment penser à quelque chose d'aussi sordide, d'aussi minuscule, alors qu'il fait beau, que les jupes des Pragoises ont raccourci en même temps que leurs talons ont grandi, alors qu'on n'a qu'une envie; aller attraper ici et là quelques ultimes images, souvenirs...

Vous me direz, "quand même Pierre, tu es culotté d'écrire ça alors que toi-même tu es enfermé devant un ordinateur". Certes mais ce n'est pas de ma faute, je me suis vu refiler la boule puante d'Olga (Flush, ndlr) pour la fin de la semaine, ce qui, je dois dire, gâche un peu les plans d'après-midi entiers à se balader sans revenir à la maison. Et puis par ailleurs, si je ne l'écrivais pas, comment pourriez vous y objecter, hein?

Clément et moi avons donc plein de petits plans en tête; on va faire un pique-nique lundi soir, qui se terminera au lever du soleil, vers 4h30 du matin, sur le Pont Charles, histoire d'en profiter enfin SEULS.

On fera du pédalo, avec Gabor, Marketa, et puis d'autres gens s'ils veulent bien.

Et puis on va partir à Cracovie, où Adam nous attend le 21 pour nous faire connaître dignement la vraie et historique capitale de la Pologne, sa mine de sel, son camp de la mort... Ses montagnes. Déjà que j'ai des ampoules plein les pieds de mes marches d'hier...

Un goût de fin, de quelque chose qui arrive à terme, mais pas à maturité. Comme si le vrai goût de fini allait survenir au début du premier semestre de master, me plonger dans une déprime longue et douloureuse, et finalement me pousser à arrêter sciences po pour revenir à Prague et faire homme sandwich sur Vaclavske Namesti le matin, et loueur de pédalo l'après-midi.

Longtemps j'ai regardé avec compassion et pitié cet assemblage de puanteurs ambulant qu'est le chien d'Olga. Petite bête à peine plus intelligente qu'une moule, qui oublie en 10 secondes ce qui s'est passé dans sa vie.

Mais lui il ne va pas avoir à tout revivre pour synthétiser minablement en 10 pages toutes les expériences de l'année. Il ne va pas se remémorer combien la vie était belle, ensoleillée, et peu chère à Prague, quand il devra aller bouffer un sandwich rassis sous la pluie entre deux cours de sciences po dont il aura fini les exposés le matin avant de partir, en retard, pour le métro, qui n'arrivera pas parce qu'un autre, plus déprimé -sans doute sera t-il revenu de Rio- se sera jeté dessous.

Mais, oublier, quelle tristesse.

Se souvenir, quelle déprime.

3 commentaires:

Vincent a dit…

C'est bizarre, mais j'ai quand même beaucoup moins de tristesse à quitter mon lycée (bien que j'y ai certains de mes plus beaux souvenirs)...

Admin a dit…

Avec le recul, et surtout les deux premiers mois de pipo à Dijon, j'ai beaucoup, beaucoup regretter les "années lycée".

1ere et Tle surtout.

Vincent a dit…

Je te dirai ça l'année prochaine.