J'ai dit au revoir deux fois en deux jours à des gens que j'aime. C'est tout de même beaucoup.
Dimanche c'était Antoine qui passait le contrôle de l'aéroport pour entrer dans la zone Duty free, après avoir passé une semaine, ou pas loin, à Prague. Une semaine dont les trois premiers jours, on peut le dire, auront été vraiment sportifs, ponctués de nombreuses heures de marches, qui fatiguent les guiboles (j'vous dit pas les ampoules, j'ai l'impression que les pieds des chevaliers du Moyen-Age devaient être plus jolis que les miens), de bouffe qui fatiguent l'estomac, de sauna et de piscine, qui fatiguent en général. Enfin pour la piscine, il faut dire que c'était la première fois que j'y allais en face de chez nous, et je crois que c'était la dernière.
A l'entrée une ravissante grosse vache à barbe nous faisait payer pas cher pour aller entasser nos frusques dans un casier situé dans un couloir éclairé façon glauque, puis aller faire une heure de piscine dans un endroit déprimant et peuplé de débris de corps et de nabots. On a donc finalement fait ce que chacun aurait fait en pareil cas: joué à celui qui va cherché la clé perdue au fond de la piscine.
On a tellement bien joué qu'on a finalement vraiment perdu la clé, retrouvée in-extremis avant la fin de l'heure grâce à une gentille dame qui nageait avec des lunettes, ce qui facilite le travail.
Avec Antoine, je crois que j'ai fait tous les endroits panoramiques possibles de Prague, à l'exception de la tour de télévision. Monté à pied dans la tour du Pont Charles. A pied dans la tour de Petrin. A pied sur l'énorme mausolé Communiste, à pied au château, à pied dans les jardins du château... J'en ai les ampoules qui saignent rien que d'y penser.
Aujourd'hui, à 21h30, c'est Olga qui est partie, à Dijon. Comme d'habitude, le car a pris son temps pour partir, histoire que je ressente bien que le fait qu'elle parte me rend triste, et qu'à partir de ce soir je me retrouve tout seul, avec, certes, un colocataire qui pète et qui écoute les Pixies.
Dimanche comme ce soir, j'ai eu l'impression que ça m'aurait écorché la bouche de dire vraiment ce que je ressentais aux gens qui me quittaient. J'ai l'impression, rétrospectivement, que j'ai hérité ça de mon père, de ne pas arriver, ou alors assez maladroitement, à montrer mes sentiments.
Dimanche, le "je suis vraiment content que tu soies venu" est venu à la fin, comme une dernière phrase qui a eu du mal à sortir, et qui, tout en ne m'ayant pas satisfait du tout pour exprimer ce que je voulais, m'a fait du bien.
Pourquoi ai-je tant de mal à faire ça? A m'intéresser aux autres, ou bien à leur exprimer des choses? Je ne fais qu'accumuler des regrets, des frustrations sur lesquels je ne peux pas revenir. J'ai un peu peur que n'importe qui puisse mourir sans que je lui ai dit des choses que je pense, mais que j'ai du mal à dire. Et tout en ayant cette peur, je ne les dis pas. Ce n'est pas une pudeur, parce que j'arrive très bien et très superficiellement à être collant. D'ailleurs, quand j'étais petit, j'étais collant.
Mais ce qu'il faudrait exprimer vraiment...
Ce soir, Victoire m'a demandé sur msn si je venais finalement le weekend prochain à Paris pour fêter ses 21 ans. Outre que je ne peux pas aller à Paris le week-end prochain, j'ai réalisé à quel point je serais mal à l'aise et ça me ferait peur de revoir tous ces gens connus au lycée et perdus depuis, que Victoire avait invités. A quel point je me serais senti mal à l'aise au milieu de gens à qui j'aurais tant de choses à raconter, mais de qui je n'aurais peut-être rien à écouter. De gens desquels dès la soirée finie, par confort peut-être, ou par fatalisme, je me serait désintéressés aussitôt, pas par arrogance, mais parce que ça n'aurait pas été ma place, mon rôle. Parce que ça aurait été bien trop superficiel, bien trop facile, de faire comme si trois ans ne s'étaient pas écoulés depuis nos derniers mots.
Nos derniers maux.
Alors Antoine, ça m'a fait bien plaisir que sois venu.
Dimanche c'était Antoine qui passait le contrôle de l'aéroport pour entrer dans la zone Duty free, après avoir passé une semaine, ou pas loin, à Prague. Une semaine dont les trois premiers jours, on peut le dire, auront été vraiment sportifs, ponctués de nombreuses heures de marches, qui fatiguent les guiboles (j'vous dit pas les ampoules, j'ai l'impression que les pieds des chevaliers du Moyen-Age devaient être plus jolis que les miens), de bouffe qui fatiguent l'estomac, de sauna et de piscine, qui fatiguent en général. Enfin pour la piscine, il faut dire que c'était la première fois que j'y allais en face de chez nous, et je crois que c'était la dernière.
A l'entrée une ravissante grosse vache à barbe nous faisait payer pas cher pour aller entasser nos frusques dans un casier situé dans un couloir éclairé façon glauque, puis aller faire une heure de piscine dans un endroit déprimant et peuplé de débris de corps et de nabots. On a donc finalement fait ce que chacun aurait fait en pareil cas: joué à celui qui va cherché la clé perdue au fond de la piscine.
On a tellement bien joué qu'on a finalement vraiment perdu la clé, retrouvée in-extremis avant la fin de l'heure grâce à une gentille dame qui nageait avec des lunettes, ce qui facilite le travail.
Avec Antoine, je crois que j'ai fait tous les endroits panoramiques possibles de Prague, à l'exception de la tour de télévision. Monté à pied dans la tour du Pont Charles. A pied dans la tour de Petrin. A pied sur l'énorme mausolé Communiste, à pied au château, à pied dans les jardins du château... J'en ai les ampoules qui saignent rien que d'y penser.
Aujourd'hui, à 21h30, c'est Olga qui est partie, à Dijon. Comme d'habitude, le car a pris son temps pour partir, histoire que je ressente bien que le fait qu'elle parte me rend triste, et qu'à partir de ce soir je me retrouve tout seul, avec, certes, un colocataire qui pète et qui écoute les Pixies.
Dimanche comme ce soir, j'ai eu l'impression que ça m'aurait écorché la bouche de dire vraiment ce que je ressentais aux gens qui me quittaient. J'ai l'impression, rétrospectivement, que j'ai hérité ça de mon père, de ne pas arriver, ou alors assez maladroitement, à montrer mes sentiments.
Dimanche, le "je suis vraiment content que tu soies venu" est venu à la fin, comme une dernière phrase qui a eu du mal à sortir, et qui, tout en ne m'ayant pas satisfait du tout pour exprimer ce que je voulais, m'a fait du bien.
Pourquoi ai-je tant de mal à faire ça? A m'intéresser aux autres, ou bien à leur exprimer des choses? Je ne fais qu'accumuler des regrets, des frustrations sur lesquels je ne peux pas revenir. J'ai un peu peur que n'importe qui puisse mourir sans que je lui ai dit des choses que je pense, mais que j'ai du mal à dire. Et tout en ayant cette peur, je ne les dis pas. Ce n'est pas une pudeur, parce que j'arrive très bien et très superficiellement à être collant. D'ailleurs, quand j'étais petit, j'étais collant.
Mais ce qu'il faudrait exprimer vraiment...
Ce soir, Victoire m'a demandé sur msn si je venais finalement le weekend prochain à Paris pour fêter ses 21 ans. Outre que je ne peux pas aller à Paris le week-end prochain, j'ai réalisé à quel point je serais mal à l'aise et ça me ferait peur de revoir tous ces gens connus au lycée et perdus depuis, que Victoire avait invités. A quel point je me serais senti mal à l'aise au milieu de gens à qui j'aurais tant de choses à raconter, mais de qui je n'aurais peut-être rien à écouter. De gens desquels dès la soirée finie, par confort peut-être, ou par fatalisme, je me serait désintéressés aussitôt, pas par arrogance, mais parce que ça n'aurait pas été ma place, mon rôle. Parce que ça aurait été bien trop superficiel, bien trop facile, de faire comme si trois ans ne s'étaient pas écoulés depuis nos derniers mots.
Nos derniers maux.
Alors Antoine, ça m'a fait bien plaisir que sois venu.
9 commentaires:
ambiance...
un truc: il ne faut pas attendre une situation critique pour déborder soudainement, et conventionnellement, d'émotion. réserve tes déclarations pour des moments inattendus! par exemple: petre, mon cher petit frère, aujourd'hui à 11h57 heure de lyon, je t'aime bien, voire beaucoup.
Tu as déjà fait un pas pour l'admettre, tu es sur la bonne voie cher Pierre, le plus dur est fait ou presque :) Iza
J'oubliais : bon courage Iza
L'important n'est pas forcement de le dire, mais de le faire sentir pour que les autres le sachent.
Oui asophie a raison !
Même à table par exemple, Papa passe moi le sel, dis donc Maman ton gigot il déchire sa Maman, et sinon je vous aime tous les deux, c'est quoi en dessert ?
Tu dis pas "s'il te plaît" à ton père toi?
Oui, et je lui baise les pieds et je dis les bénicités avant de manger.
PPPffffffffffffff
allez, pierre. Les gens savent ce que tu ressens envers eux.
Dommage que vous ne soyez pas allés à la tour de télé, c'est t. chouette là bas.
Et puis: ou est-ce qu'on a un mausolee communiste enorme a prague??
En fait, tu vois la grande statue équestre Zizka? ben au même endroit, il y a un énorme bâtiment mausolé ou on a mis la dépouille de Gotwald avant de la retirer parce qu'elle pourrissait.
Sinon, Domous, j'ai oublié de dire qu'en plus de ne pas savoir parler aux gens, j'arrivais à les blesser sans le vouloir.
Excuse-moi.
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