lundi, janvier 16, 2006

Bratislava, et bien...

Quelques constatations sur la Belgique d'Europe Centrale, telle qu'on l'appelle avec tant de gentillesse.
C'était pourtant clair, en arrivant par bus en passant par les feaubourgs, puis le centre-ville, qu'on ne peut pas appeler la Slovaquie la Suisse d'Europe Centrale...

1) Tandis que les garçons tchèques ont tous plus ou moins les cheveux longs et des chaussettes dans leurs sandales, les garçons slovaques sont tous plus ou moins rasés de la tête avec un regard pleu azur et des grosses bottes en cuir.

2) Alors que les billets de banque tchèques, ainsi que les pièces de monnaie (sauf celle de 10 couronnes qui est toute pourrie), sont plutôt beaux et agréables au toucher, les billets slovaques sont aussi attirants qu'une serpillère plastifiée.

3) Alors qu'on croit que la gare de bus et loin du centre, au vu des bâtiments autour, on se trompe, on EST au centre.

4) Y a t-il une blanlieue de Bratislava?

5) Le Château de Bratislava est rigolo, il a quatre faces différentes les unes des autres qui font penser qu'il a été construit en torchis avec les restes de Trabant pour faire croire à un château du Moyen-Age.

6) Le Palais présidentiel est joli. Il y a une grande façade blanche, de grands volets, et des drapeaux slovaques partout. Et une belle grille.

7) A Bratislava les rues sont froides. C'est parce qu'il n'y a personne pour les chauffer. Même pas un chat.

8) Quand on croise un Bratislavien, il parle le tchèque sympa, celui qu'on comprend, qui s'emmerde pas à foutre "sti" à la fin de 200, mais bien "sto", comme tout le monde devrait le faire.

9) Le Bratislavien moyen est plutôt cool. Sauf quand il est rasé avec un manteau et des grosses bottes en cuir, parce que là on lui parle pas.

10) La Bratislavienne moyenne est pas tellement plus jolie que la Pragoise moyenne. La seule différence c'est qu'on est sûre qu'elle est Bratislavienne, et pas touriste.

J'arrive donc à 12h40 dans la gare de bus de Bratislava. Je m'étais levé à 6h50, sans réveil, ce dernier m'ayant fait la blague de "ce matin je te réveille pas". Franchement j'étais impressionné de me réveiller aussi vite.
Je sors du bus, contemplé par une assemblée de Roms qui ont l'air plus ou moins de se demander ce que je cache dans ma sacoche. Un téléphone portable, pour envoyer un texto à Laura, la demoiselle qui accompagne Arthur à Bratislava, un appareil photo numérique, que j'ai oublié de recharger et qui arrête pas de me dire qu'il a plus de pile, et un portefeuille avec quelques cartes, notamment celle qui décline mon identité.

La Gare est froide. Le samedi, toutes les gares sont froides, mais celle de Bratislava est à peine réchauffée par le sourire de la dame qui change mon beau billet de 500 couronnes tchèques en argent slovaques d'une couleur qui oscille entre le vert crapaud, le bleu délavé, le rouge passé, et l'orange pourri.

Les rues sont froides. Il y a du vent. Je n'ai pas de gant. Les femmes qui attendent le tramways sont pas mal. J'attends avec elles, avant de me rendre compte que je dois prendre mon tramway complètement ailleurs, pour aller au Palais Présidentiel.
D'ailleurs, c'est pas des tramways, mais des trolleybus.

Je monte dans le 208, qui me mène généreusement au Palais, où il me crache, non sans avoir à l'arrêt d'avant craché les deux clodos qui m'ont donné ma première sensation olfactive d'envergure de la ville.

Là, il est 13h30. Arthur et sa demoiselle sont arrivés il y a une demie heure à l'aéroport. Le temps qu'ils mettent leurs bagages à la consigne, j'en ai pour 1 heure à attendre, et je vais donc me poser dans un café complètement chic, où je décide de me réveiller avec deux cafés, servis par un serveur complètement sympa. En gros, les gens sont sympas.

Puis au troisième café je sors de l'établissement, histoire de me refroidir les roustons sur la place du palais, là où il y a le palais présidentiel. C'est un point de rendez-vous connu: s'y retrouvent les groupes de filles, les crânes rasés à bottes en cuir, les jeunes intrépides à vélo, et les touristes, mais ça j'en ai pas vu.

Arthur et Laura arrivent. Laura est le genre intellectuelle du New Jersey, et elle n'a pas di "sooooo cute" de toute la journée, ce que j'ai pris pour une marque d'intelligence.
Arthur est tout sourire, et moi aussi. Rendez-vous compte, comme la vie est drôle: ça faisait 6 mois jour pour jour que l'on ne s'était vus.

Déjeuner dans un restaurant de spécialités hongroises, où je fais essayer la slivovice à Arthur et Laura (qui voulais un whisky, beurk!), puis balade, courte, dans la ville, jusqu'à 17h où nous rejoignons le café du début de l'histoire, pour finir de nous voir.

En effet, à 19h ils doivent récupérer leurs bagages, pour courir à l'aéroport prendre un bus de la compagnie pour aller à Vienne.
Oui, parce que Bratislava c'est pas très joli, mais c'est près de Prague, Budapest, Vienne, et tout ça.

Je me retrouve seul avec 5 heures à tuer avant mon car, ce qui est pas sympa.

Je vais donc refaire le tour de pâté de maison du centre historique, puis me pose dans un café-chocolaterie, où je rebois du café, puis un autre, puis un autre, puis je décide, un peu avant 22 heures, de rejoindre la gare de bus à pied, puisque mon car part à 23h40.

Je me perds.

Mais la ville est toute petite, et il y a plein de panneaux partout.

Je me retrouve. Me prends par la main, et m'accompagne jusqu'à la gare de bus, où 3 pelés et un tondu (mais sans bottes en cuir) attendent.
Plus quelques clodos.

J'ai un peu moins de deux heures à attendre avec eux. Et le Courrier International, que j'ai acheté en chemin, histoire de pas avoir l'air trop seul.

Il fait froid. Il fait sombre. Le coeur du héros se serre en dévoilant ses faiblesses: ses orteils commencent à lui faire mal.
Il a froid.

Il lit avec une main qui tient le journal, l'autre dans son manteau, pour la conserver en bon état. Parfois, même, il change de main.

Heureusement, Olga, qui l'aime, Emma, qui est charitable, et Rapahella, qui veut déplacer son cours du dimanche, lui envoient des textos. Enfin, surtout Olga.

A 23h, le héros est viré de la gare, qui ferme. Encore 40 minutes à attendre, dehors. Il ne fait plus 4°C, mais bien -6°C.
Le héros pense à arracher des pages du Courrier International, et les mettres dans ses chaussures autour de ses pieds, ainsi que sous son pull, pour se protéger du froid.
Le héros a lu Primo Lévi.

Puis, avec 8 minutes de retard, pas plus, le car pour Prague vient le sauver. Il a sommeil.
Mais il a bu trop de cafés, et il ne peut pas dormir. Pire, les effets du café commencent à poindre.
Il a mal au ventre.

Il arrive à 5h à Florence. Prend le métro. S'échoue dans un Mc Do où il mange, ne l'ayant pas fait depuis 15h de l'après-midi.

Il arrive chez lui à 6h, a encore la force d'allumer son ordinateur, de regarder ses mails. Il voit que la campagne pour les élections syndicales continue d'enflamer le forum de Sciences Po Dijon, mais ça commence à le gonfler.
Il va s'abstenir de voter. Z'avaient qu'à penser à un vote par internet ces cons.

Puis Pierre se fout à poil, ce qui provoque l'émoi d'une mémère à chien qui promène sa merde à poils dans le parc, en face (qui est en hauteur, donc pile au niveau de la fenêtre du 4eme étage du héros). Pierre n'en a cure. Il éteint la lumière.

Et s'endort, du sommeil du juste, pour une nuit sans rêve qui commence alors que le soleil point à travers les nuages pastélisés qui décorent un Ciel bleu discret.

Le Héros ne se réveillera que 8 heures après.

Quelqu'un avait du droguer son café.

Cadeau bonus

31 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu sais, pour les cranes rases, quand tu viendras en Pologne tu t'apercevras que c'est la meme chose. Parfois, c'est un peu embetant, car tu sais jamais si t'as affaire a des gens "bien" ou des personnes "peu frequentables" on va dire... ;)

Anonyme a dit…

Pierre, pour une fois, je t'admire, tu as du talent !
Non, franchement, raconter la Slovaquie avec autant de poésie, c'est digne d'un Baudelaire (je ne préciserais pas que je pense au poème "La Charogne" par exemple, afin que nos amis slovaques ne voient pas de comparaison déplacée entre leur belle capitale et ce genre de rebut odorant, mais quand même). Voilà, aujourd'hui, grâce à toi, je me suis émue, j'ai ri, j'ai pleuré (surtout en lisant qu'Adam avait encore l'espoir de te faire venir un jour en Pologne, ce qui m'a rappelé à moi que c'était une entreprise malheureusement désespérée), me suis même identifiée au héro (enfin, pas trop quand même)... Ah... C'est quelque chose, l'art, quand même !
Emilie

Anonyme a dit…

bon, tu vas pouvoir signer (et faire signer) ma pétition maintenant!

Admin a dit…

Ma soeur ma envoyé une pétition pour qu'il n'y ait pas moins d'agrégés l'année prochaine.

Voui.

Emilie, je te remercie, rosie-je. Mais je viendrai en Pologne. Na.

En attendant, la prochaine fois que je vois Adam, c'est le 6 février, et je suis bien impatient. Je piaffe.

Anonyme a dit…

" j'ai pleuré (surtout en lisant qu'Adam avait encore l'espoir de te faire venir un jour en Pologne, ce qui m'a rappelé à moi que c'était une entreprise malheureusement désespérée": c'est quoi cette histoire de boycott?!

Sinon, je suis egalement impatient de revoir Pierre et Clement a Prague debut fevrier ;)

Adam

pseudointelektualka a dit…

Emilie, ça se voit que tu ne lis pas le blog de pierre très souvent. Il a déjà écrit mieux, et tu n'as pas pleuré ni rigolé! shame on you! ;)

Anonyme a dit…

Comme tous les bons guides du routard (je précise que guide du routard est indisociable de l'adjectif "bon"), petre nous raconte un séjour slovaque qui reste plein de mystères...

1) Les cafés étaient-ils au lait?
2) C'était des rroms cuits ou pas cuits?
3) Pourquoi a-t-il était à Bratislava dans le rassemblement des jeunesses hitlériennes (les cheveux courts, des yeux azurs et les bottes en cuir, ca ne pardonne pas!)?
4) Est-ce un bus de ville qui fait la liaison Prague-Bratislava ou un bus normal?
5) As tu visité le "marché russe" de la ville, ou, selon la légende, on peut trouver des exemplaires d'excellente qualité des cours de DSK?
6) Alors t'as baisé?
7) Qui c'est cette Emma (cf 6)?
8) Pourquoi si "la Bratislavienne moyenne (n)'est pas tellement plus jolie que la Pragoise moyenne", celles qui attendaient le tram étaient jolies?
9) Qu'est ce que tu vas foutre à Bratislava (à part de la chasse à l'ours, mais Arthur n'a pas dans mon souvenir l'allure d'un ours...) plutôt que de venir découvrir le coeur dynamique de la Silésie polonoise?
10) Pourquoi le Palais est-il place du Palais ?
11) Florence c'est pas en Italie? :)

J'attends avec impatience toutes ces réponses ! Merci de nous faire voyage Petre...

Anonyme a dit…

très beau pierre, en effet.

dommage que je sache pas qui est arthur :)

sinon ne pas voter, c'est pas bien.

enfin Bratislava a une banlieu de tonnerre! Petrzalka! tout une ile de "panel"

Admin a dit…

je vais répondre point par point, en essayant d'être exhaustif.

1) On m'a proposé du lait, mais j'ai délicatement refusé. Chuis Français.

2) C'était des Rroms qui tournaient au gris. Et à 12h45, pour être bourré, faut être fort.

3) Un Slovaque pourrait nous répondre: vous êtes plus néo-nazes qu'ailleurs dans vot' beau pays? Mais j'ai vu un reportage sur les néo-nazes slovaques à la tv tchèque, ils sont hardcore.

4) C'est une compagnie qui propose des allers-retours Prague-Bratislava. et ça met 4 heures le matin, et 6 la nuit.

5) Ah? Anna Sedliakova a vendu les cassettes?

6) Nan.

7) Ma deuxième étudiants que j'entraîne à entrer à Sciences Po, et qui va entrer parce qu'elle est bonne (de?) partout.

8) Les filles attendant le tramway étaient jolies, cela ne veut pas dire qu'elles étaient plus jolies que des jolies tchèques.

9) Pour voir Arthur, que ça fait longtemps que je l'ai pas vu. Mais je veux aller à Wroclaw.

10) Et pourquoi l'Elysée n'est-il pas rue de la Paix, mais Faubourg St Honoré?

11) Non, c'est à Katowice.

Admin a dit…

"enfin Bratislava a une banlieu de tonnerre! Petrzalka! tout une ile de "panel" "

Tu en as trop dit ou pas assez, Domous... ;)

Anonyme a dit…

n'y aurait-il pas comme un retour d'antos (dont le cri approche celui de l'ours au réveil)?

pseudointelektualka a dit…

ahu!

Admin a dit…

'tain vous êtes pas drôles, il voulait nous mystifier... ;)

Anonyme a dit…

Bah si, moi je suis mystifiée, j'ai toujours cru que y'avait plus d'ours dans les Vosges, et que c'était pour ça qu'on les avait réintroduits dans les Pyrénées.

Anonyme a dit…

bande d'ignares, vous ne savez même pas faire la différence entre le cri de l'ours et celui du dahu,...

Et pourquoi pas un gnou tant qu'on y est !

Mais pourquoi un retour asophie? j'étais jamais parti, enfin à part en Pologne, j'veux dire !

Anonyme a dit…

retour sur le blog de petre voulais-je dire, ce qui était une très bonne nouvelle pour tous les gens éloignés de la pologne

Admin a dit…

Si vous voulez vous échanger vos adresses mail et n° de tel...

Anonyme a dit…

fais pas le malin petre! sans moi, l'esprit de sociabilité qui baigne ton blog serait réduit à néant! quand même pas de ma faute si je suis obligée de tout faire ici, y compris la maîtresse de maison (olga, le prends pas mal, d'ailleurs j'ai remarqué que tu me soutenais).
tu ferais mieux de corriger tes manuscrits tien, pendant que je fais ma version latine (sujet: "quand la poésie ne permet pas de séduire la femme aimée (parce qu'elle préfère les petits cadeaux)", je vais vous en faire profiter, bande d'attilas, ça commence par: "je suis couvert de chaînes et Amour ne relâche jamais mes liens, ô malheureux que je suis, ô cruelle maîtresse, détourne tes deux feux de mon corps consumé..." ahhh! tibulle...)

Admin a dit…

c'est clair que, avec ce que tu nous cites, moi aussi je préférerais un cadeau, même petit.

Anonyme a dit…

en même temps c'est assez rassurant que tu ne saches pas ce que c'est qu'un "petit cadeau"

Anonyme a dit…

mais en même temps, c'est accablant que tu ne sois pas sensible aux élégies latines, qui ont tant fait pour notre culture, et dont la subtilité dans l'expression du sentiment n'a pas d'égale (je te cite chénier à propos de théocrite: racine a réussi à l'imiter, mais pas à le dépasser). voilà voilà, signez ma pétition et je promets d'écrire un comment culturel par jour

Anonyme a dit…

Euh... on peut faire une contre-pétition ? Moi ça me dérange pas de pas être une fille culturée, et j'assume ...

Anonyme a dit…

cette chère chachou, toujours si prévisible!

Admin a dit…

je prépare le ring de boue, ok?

Anonyme a dit…

Comment ça prévisible ? ça me ferait flipper que tu me connaisses aussi bien que ça rien que par post interposés...

Anonyme a dit…

c'est en effet assez flippant. pour te réconforter, disons que je connais très bien ton moi postif

Anonyme a dit…

Bonne nouvelle, j'ai un moi positif ! :-D
Nan je rigole, je trouve que c'est joliment dit. Encore que j'ai du mal à voir qu'est-ce que tu entends par "moi positif", mais bon, tu es le cerveau du groupe, je te crois sur parole !

Anonyme a dit…

non non, je disais bien "postif", ou "postoire" si tu préfères, bref, ton moi qui s'exprime dans tes posts -positif au demeurant, naturellement.

Anonyme a dit…

Aaaaaaaaah OK autant pour moi. Putain tu viens d'éclairer ma journée asophie ! mais c'est vrai que j'aurais dit postoire, bon chacun ses néologismes.
Dc la question est : est-ce que mon moi postoire est le même que mon moi au quotidien ?
Tatiiinnnnn suspense...

Admin a dit…

positif ou postitif?

Crotte, j'ai oublié mon dictionnaire éthymologique à la maison.

Chachou, ton "moi postoire" est un poil plus caricatural que ton "moi-moi".

Anonyme a dit…

Dépend des sujets, très cher Pierre...